Alors que la plupart des utilisateurs de n’importe quels autres navigateurs se ruent sur la nouvelle version si tôt le jour de la sortie (comme c’a été le cas pour la version 3,6 de Firefox ), voilà près de 9 ans que Internet Explorer 6 (sortie en 2001 sous XP) reste là, sans bouger, à faire trembler tous les développeurs Web.
Pourquoi cette version (certes bien conçu pour l’époque) mais complètement dépassée aujourd’hui (en terme de standard) arrive t-elle encore à occuper 20 % des parts de marchés des navigateurs ?
Tout d’abord, il faut savoir que la plupart des internautes (individuels) ont tous migrés depuis longtemps vers des versions plus récentes d’Internet Explorer ou vers d’autres navigateurs. En effet, à pars les quelques ordinateurs qui n’ont pas toujours pas d’accès à internet (si, si, ca existe) et ne peuvent pas mettre à jour la version d’Internet Explorer, Microsoft propose depuis longtemps la migration automatique. A notez au passage, que s’ils n’ont pas internet, ils n’utilisent que très peu les navigateurs.
Les 20% restants sont en fait les salariés (démunies?) de grandes sociétés qui refusent de migrer vers de nouvelles versions plus récentes. Leurs services informatiques ont en effet la responsabilité des mises à jours disponibles sur le réseau intranet et ne proposent pas les nouvelles versions d’Internet Explorer. Les raisons de ce refus sont relativement simples à comprendre.
- Tout d’abord, la plupart des applications web (ou site intranet) développées à cette époque ne sont pas des exemples d’application conforme au standard du w3c. Firefox n’avait pas encore percé et les développeurs ne connaissaient qu’Internet Explorer, avec son HTML 4 et ses balises de mise en forme (<font>, <table>) et le javascript Sapin de Noel (Qui s’illuminait de partout). Ces sites intranet ne sont donc pour la plupart pas compatible avec les nouvelles versions des navigateurs. Et cela aurait représenté un coût (pour l’entreprise) de rendre compatible et de convertir tous ses sites avec les nouveaux standards. C’est probablement vrai qu’il aurait été difficile de récupérer ces applications et de les adapter, cela aurait demandé certainement du temps pour les développeurs de remettre les mains dans le cambouis et de comprendre ces scripts écrits probablement par d’autres développeurs. Mais au final, si on s’intéresse vraiment aux coûts, je suis prêt à parier que le temps perdu par les sociétés depuis plus de 10 ans à développer tous leurs sites et applications web pour assurer une compatibilité avec cette version 6 d’Internet Explorer aurait été largement compensé depuis longtemps si on avait fait ce travail dès le départ. Cette position est tout de même à relativiser, car les développeurs et plus particulièrement les décideurs de cette époque n’avaient peut être pas la visibilité que l’on a aujourd’hui. Internet Explorer décidait seul de ce qu’il pouvait mettre ou non dans les versions d’Internet Explorer. Aujourd’hui, les standards W3C (largement admis par la communauté des développeurs) nous permettent de s’assurer que la plupart des navigateurs actuels et futurs (plus ou moins loin) seront capables de lire et d’interpréter correctement nos sites et application web.
- Dans un second temps, la sécurité des réseaux informatiques de l’entreprise a contraint les services informatiques à limiter et sélectionner les mises à jour disponibles sur l’intranet. Les services informatiques préfèrent attendre qu’une mise à jour ou nouvelle version soit bien éprouvé avant de l’adopter. C’est d’ailleurs pour cette même raison que les entreprises n’ont pas adopté majoritairement Windows 7 et encore moins Vista. Peut-on donc en déduire que les entreprises n’ont jamais considéré comme stable et performante les versions 7 et 8 d’Internet Explorer? Je ne pense pas, le premier argument me parait plus crédible d’autant plus que la plupart des entreprises ont adopté en un temps record (moins d’une semaine) le dernier patch d’Internet Explorer 6 suite à la faille découverte aurora. Vu la faille, le jeu en valait peut-être la chandelle.
Voila pour la rétrospection des ces 10 dernières années, alors qu’est-ce qui a changé?
La faille aurora a fait beaucoup de mal à la réputation d’Internet Explorer en général bien qu’elle ne concernait à première vue que Internet Explorer 6. Le gouvernement Français ou Allemand déconseillent désormais l’utilisateur de la version 6. En terme de pars de marché, Internet Explorer 8 est désormais plus utilisé que son ainé. Contrairement à Safari ou Opéra, Firefox a déjà grappillait des parts de marchés de plus en plus nombreuse chaque jour. et il est désormais largement admis dans les entreprises. Dernier arrivé sur le marché, Chrome prend des parts à Internet Explorer (en général) et ne semble pas freiner Firefox pour autant. En revanche, il ne semble pas diminuer spécifiquement les parts d’Internet Explorer 6.
De nombreux sites internet ont adopter le mouvement d’abandon d’Internet Explorer 6. Ce mouvement consiste à informer les utilisateurs de l’obsolescence de leur navigateur et leur propose différentes solutions pour y remédier, que ce soit une mise à jour ou un nouveau navigateur. D’autres sites décident tous simplement de ne plus supporter Internet Explorer 6 pour leurs évolutions futures comme Google l’a annoncé par exemple pour Google Doc . Cela permet de pouvoir se concentrer sur les standards et les évolutions, et de ne plus avoir le petit canard boiteux comme casse-tête. Il faut toutefois faire attention à ne pas tomber dans l’excès, on voit de temps en temps des sites Web ou des applications Web qui ne fonctionnent que sous Firefox (et sous aucun autres navigateurs). Autant la non portabilité sous Internet Explorer 6 est du bon sens aujourd’hui, tant son interprétation diffère des autres navigateurs ( Internet Explorer 8 compris) qui respectent les standards. Mais il serait idiot de se priver des 67% de parts de marchés que représentent tous les navigateurs à l’exception d’Internet Explorer 6 et Firefox surtout que les modifications à apporter à un site Firefox conforme sont minimes pour faire fonctionner un site sous Chrome, Opéra et/ou Safari.
Le déclin d’Internet Explorer 6 s’étant fortement accentué ces dernières années, on peut donc espérer raisonnablement que les derniers évènements vont aider à la disparition de cette version au cours de cette année, et enfin faciliter la vie aux développeurs de sites web.